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Pôle YO CONTIGO
2 octobre 2008

PHASE 3 : 2ème lettre de nouvelles

Si notre  planète était plus petite, je ferai comme le Petit Prince de Saint Exupéry qui aimait tant voir des couchers de soleil ; moi, je marcherai pour suivre la course du printemps autour du monde. C’est tellement agréable de voir tout reprendre vie peu à peu : les rizières toutes piquetées  de jeunes pousses de riz, les arbres en fleurs et la grisailles des herbes desséchées qui peu à peu se laissent submergées par une vague vert tendre qui fera prochainement les délices des zébus qu’on laissera aller après les mois d’hiver . Vision pleine d’espérance quand la fatigue physique s’accumule et que le courage est parfois mis à rude épreuve...

Dans notre petit monde de Tsaratànana, le printemps arrive aussi. Il fait pousser d’étranges fleurs. Certaines sont en briques et en tuiles tout droit sorties de la terre rouge de Madagascar. Au dire de tous, elles ont une croissance très rapide. Elles deviendront dans peu de temps maintenant, les maisons d’habitation des deux dernières familles arrivées, le centre de gestion, la maison communautaire ainsi que le lavoir/vestiaires du terrain de sport.

La charpente de la maison communautaire est en elle-même une véritable prouesse technique compte tenu, bien sûr, des équipements à disposition. Les poutres maîtresses sont fabriquées par assemblages (type lamellé collé) directement sur leur emplacement définitif. Il n’aurait pas été possible de les hisser après fabrication, puisqu’elles sont très lourdes et qu’il n’y a pas de moyens de levage.

Il y a aussi maintenant, sur la place, une stèle qui recevra, en signe de reconnaissance, le nom de tous ceux, institutionnels ou particuliers, qui ont contribué à la création de ce quartier. La rue et le trottoir en pavés sont entièrement finis ainsi que le tour du puits.

Nos 10 familles sont maintenant toutes là. Il y a Bernadette et Jacques ainsi que leurs quatre enfants : Faniry (6 ans), Vonghy (5 ans), Jean-Freddy (3 ans) et Emilienne (10 mois). Ils habitaient Ambohidratrimo dans une pièce d’environ 7m² et vivaient d’emplois précaires.

Il y a aussi Lalao et Pierre ainsi que Christian (10 ans), Sandra (8 ans) et Jaona (1 an) et un autre petit en devenir. Leur situation à eux était particulièrement terrible. Ils habitaient à Tana sous des bâches en plastique, collées à une benne à ordures. Ils viennent de loin, mais ont vraiment le désir que leurs enfants puissent  vivre une autre vie que la leur. Christian et Sandra n’ont jamais été scolarisés. Même si cela ne sera pas facile, il faut leur laisser la chance  de prendre un autre cap puisque c’est ce à quoi ils aspirent.

La plupart de tous ces nouveaux enfants sont en sous-poids, certains nécessitent un suivi médical approfondi.

Les pluies qui annoncent le changement de saison ont été particulièrement violentes. Elles ont pris la forme d’orages avec des grêlons gros et durs comme des billes de verre. Le quartier a offert de façon éphémère un visage hivernal européen ; tout est devenu blanc en très peu de temps. Il y a eu malheureusement beaucoup de dégâts dans les jardins. Les courgettes, dont la récolte était proche ont été littéralement cisaillées. Voilà, c’est la vie, il faut apprendre à persévérer même dans l’adversité. Le point positif de cette histoire a été le test grandeur nature de l’efficacité de notre réseau d’évacuation des eaux pluviales. En aucun endroit l’eau ne s’est acculée.

Avec la SNGF (société nationale des graines forestières) dépendant du ministère de l’environnement, nous avons fait une étude pour le reboisement du quartier. Il y aura un verger d’agrumes, des fruitiers classiques (pommes, prunes etc.) et plus exotiques pour nous : mangues, goyaves, papayes, avocatiers etc. Les espaces près des habitations seront arborées avec des arbres ornementaux et des arbustes. Les talus avec des espèces agro forestières : pins, eucalyptus et autres arbres peu connus dans nos régions et des espèces végétales couvrantes pour leur habillage vertical. Nous leur avons acheté plus de 300 plants qu’il va falloir mettre en place maintenant. Un vrai jardin d’Eden !

L’autre matin, la 4L s’est offert un joli camouflage de palmiers déjà grands sur son toit. En se rendant à Tsaratanàna, Joaquim n’est malgré tout, pas passé inaperçu ! Ces arbres étaient destinés à la terrasse de l’épicerie/coiffure de Haingo qui ouvrira la semaine prochaine.

Avec l’aide d’Angelina, nous avons mis en place la crèche provisoire dans l’un des chalets. C’est petit mais tout mignon et fonctionnel pour accueillir 8 enfants environ. Nous avons recruté 2 mpanabe (sorte d’assistantes maternelles) pour s’occuper des enfants. Cela commence doucement, les mamans ont besoin de vaincre beaucoup d’appréhensions. Tout cela est très nouveau pour elles. Les crèches existent à Tana mais en général, elles sont plutôt destinées à une clientèle, disons ; plus aisée !

Les plus grands, eux, ont rejoins l’école depuis le 22 septembre. Ils sont 17 en tout, 6 en maternelle et les autres en primaire. Pour Christian et Sandra (10 et 8 ans), Mamisoa, Vonghy, Jean Freddy, Kanto, c’était leur première rentrée des classes.

La semaine dernière, 2 institutrices sont venues nous voir pour nous expliquer le fonctionnement un peu complexe de l’enseignement public. En primaire, elles ont des classes entre 50 et 60 élèves qu’elles prennent en 2 groupes, un le matin, l’autre l’après midi.  Elles assurent 55 heures de cours par semaine au total. Le budget de fonctionnement de l’école est d’environ 4,00€/an/enfant. Cela n’autorise pas de folie pour les projets pédagogiques. Elles se sont permis de nous faire part de quelques besoins : un puits, pour mettre en place une directive ministérielle qui veut introduire l’hygiène dans l’enseignement. Intention louable sauf qu’à l’école d’Antohibe, pour avoir de l’eau, il faut descendre à la rizière... Pour les enfants venant de loin, elles aimeraient mettre en place une cantine scolaire et pour la culture, une bibliothèque. Nous avons convenu de réfléchir ensemble à la manière dont pourrait se faire un partenariat (communauté des parents d’élèves et CAP ESPERANCE).

Samedi 20 septembre, nous avons vécu un heureux évènement. C’était la naissance de MIARA-DIA (« marcher ensemble »), l’association malgache  avec qui nous allons poursuivre le partenariat pour la gestion du projet « Une Famille, Un Toit ». Le conseil d’administration se compose de 9 membres élus. Ils sont tous de part leurs activités professionnelles ou personnelles proches des plus pauvres. 4 autres membres sont des membres de droit : Haingo et Tiana, représentants élus des familles et deux représentants de CAP ESPERANCE, en l’occurrence, Joaquim et Anne. Voilà une belle équipe qui nous rejoint et qui viendra enrichir de ses expériences et dans son engagement tout ce qui a déjà été entrepris.

...Mais où ira le printemps lorsqu’il laissera bientôt la place à l’été et à la saison des pluies ?

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Commentaires
Y
Je suis très heureux -entre autres bonnes nouvelles- de la constitution de Miara Dia : je forme des voeux pour une existence longue et constructive à cette association, et je souhaite bon travail aux administrateurs. L'avenir du village est un très beau projet. Bien amicalement à tous. Yves MITTAINE.
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